Dans un contexte économique incertain, le rachat d’entreprises en difficulté peut représenter une opportunité stratégique pour les investisseurs avisés. Cependant, cette opération complexe nécessite une analyse approfondie et une vigilance particulière sur plusieurs aspects critiques. Tour d’horizon des points essentiels à surveiller pour réussir ce type d’acquisition.
Selon les plus récentes statistiques, le nombre de dossiers d’entreprises en difficulté a bondi de 57 % en 2024 par rapport à 2019, année prépandémique. Les secteurs ayant enregistré les plus fortes hausses de dépôts de dossiers d’insolvabilité sont les services d’hébergement et de restauration, le commerce de détail et la construction.
Même si cette option semble intéressante, la reprise d’une entreprise en difficulté nécessite toutefois une approche méthodique. Dans tous les cas, l’accompagnement par des professionnels expérimentés — syndic autorisé en insolvabilité, avocat spécialisé en insolvabilité, etc. — s’avère indispensable pour maximiser les chances de succès, comme l’expliquait Michel Thibault, associé en redressement et insolvabilité chez RCGT, dans un de nos balados.
Cette opération peut emprunter plusieurs chemins, chacun présentant ses particularités et ses complexités.
- Une entreprise déclarée en faillite voit ses actifs liquidés sous la supervision d’un syndic autorisé en insolvabilité. Pour un acheteur, ce contexte peut offrir des opportunités pour acquérir des biens, des équipements ou même l’ensemble des activités à un coût réduit. Cependant, ces transactions sont souvent rapides, laissant peu de temps pour des analyses approfondies, selon Michel Thibault. De plus, le maintien des opérations peut être un défi si les employés ou les clients ont déjà quitté l’entreprise.
- Une entreprise encore fonctionnelle, mais en difficulté, peut opter pour une recherche d’investisseurs ou de partenaires pour stabiliser ses finances. Ce scénario, souvent encadré par un processus de sollicitation d’investisseurs et de vente (appelé communément un SISP selon l’acronyme anglais), inclut la préparation d’un dossier informatif, une phase de sollicitation où les acheteurs potentiels soumettent des offres non contraignantes, suivie d’une période d’analyse approfondie donnant accès à une salle de données (data room) pour les candidats sérieux. Ces derniers disposent généralement d’un délai pour examiner les données de l’entreprise avant de déposer une offre contraignante.
- La proposition concordataire représente une troisième voie. Ce mécanisme permet à une entreprise de proposer à ses créanciers un plan de remboursement sur une période déterminée, évitant ainsi la faillite. Il est aussi possible qu’elle se départisse d’actifs excédentaires ou résilie certains contrats onéreux. Les acheteurs peuvent alors négocier directement avec les créanciers et le syndic autorisé en insolvabilité pour restructurer l’entreprise. Ce processus est juridiquement encadré, mais il demande une négociation fine pour concilier les intérêts de toutes les parties. Une entreprise peut également utiliser ce mécanisme, avec l’autorisation du tribunal, pour disposer de l’ensemble ses biens.
Chaque option nécessite une expertise spécifique et une compréhension approfondie des enjeux juridiques et financiers. C’est pourquoi l’accompagnement par des professionnels spécialisés devient crucial pour naviguer dans ces eaux complexes.
Conseils aux acheteurs potentiels
Nicolas Nassr, président de Finition Ultraspec et de Montréal Aluminium Solutions, a lui-même repris une entreprise en difficulté pour la transformer en leader de son industrie. Il nous a raconté son histoire dans un récent balado.
Selon lui, le redressement d’une entreprise en difficulté exige une forte détermination. « Les surprises sont inévitables lors d’une reprise, prévient-il. Il faut donc être motivé et avoir une vision claire de ce que l’on veut réaliser. » Il recommande de commencer par établir un plan financier détaillé et d’entretenir un dialogue ouvert avec ses partenaires financiers. Sur le plan opérationnel, le point le plus important est de bâtir une équipe solide. L’entrepreneur devra faire en sorte que celle-ci adhère à sa vision de développement. En plus de la main-d’œuvre, l’achat d’une entreprise existante présente aussi des avantages comme de bénéficier d’installations déjà fonctionnelles et d’une clientèle déjà en place.
Les perspectives pour 2025
Les perspectives pour 2025 suggèrent que les occasions d’affaires devraient se maintenir pour les repreneurs potentiels. Notre équipe d’experts chez EC2 est à votre disposition pour vous accompagner dans ce processus afin de maximiser les chances de succès.